AERO-CLUB DE HAGUENAU

LES ANNEES  20

 

 

III. L'ENTRE DEUX GUERRES : "BATAILLES" AUTOUR DU TERRAIN

 

1 ) L'immédiat "après - guerre" 1920 - 25 :

 

Ce sont les années folles : l'aviation n'y échappe pas. D'exploits inutiles en acrobaties insensées, les "anciens as" de la guerre continuent à faire la seule chose qu'ils savent vraiment faire : voler. Pourtant tous ont le même rêve en tête : l'Atlantique. Il faudra encore attendre quelques années et 1927 pour que Charles B. LINDBERGH entre dans la légende sur l'Atlantique Nord.

A Haguenau, une fois la guerre finie, le terrain allait encore servir à différentes manifestations organisées par des "Sociétés Aéronautiques Françaises". C'est de cette époque que date aussi la première servitude "d'approche et de dégagement". Elles ont été fixées, n'en déplaisent à certains, officiellement en 1922 et confirmées en 1967.

 

En Avril 1921, Antoine de St Exupéry, alors appelé au 2ème Régiment de l'Aviation de Chasse à Strasbourg - Neudorf prenait ses premiers cours de pilotage. Son premier "solo" (laché seul) se terminera d'ailleurs par un accident et la destruction de l'avion.

Antoine de Saint Exupéry, Ecrivain et Poète, auteur, entre autres, du "Petit Prince" et de "Vol de Nuit", Pilote de légende et pionnier de l'Aéropostale, a donc commencé à voler au dessus de notre région...

 

On peut rêver un instant et imaginer qu'il ait effectué son premier vol en solitaire au dessus du terrain de Haguenau avant de traverser l'Atlantique Sud et la Cordillère des Andes, en compagnie de Jean Mermoz et d'autres pionniers de l'Aviation, volant à bord des premiers courriers vers Santiago du Chili et écrivant parmi les plus belles pages de la littérature française.

Exceptée une lettre de l'Aéro-club d'Alsace, datant de 1925, et qui demande déjà des subventions à la Municipalité de Haguenau en mettant en avant le slogan "Une Aviation forte, c'est la paix assurée !!!", cette période est donc relativement calme et marque un certain abandon du camp d'aviation de Haguenau.

 

2) "Polémiques" autour du terrain d’entraînement :

 

La fin des années 20 sera, par contre, plus mouvementée. En témoigne, les échanges de correspondance entre différents ministères et le Maire de Haguenau.

Le Ministre de l'Intérieur, M. SCHRAMECK, marque tout d'abord la volonté du gouvernement d'équiper les villes de plus de 10 000 habitants de terrain d'aviation digne de ce nom et cela suite aux voeux formulés lors du 3ème Congrès des Sociétés affiliées à l'Aéronautique Club de France.

Les années 1928-1929 auraient pu être des années "riches" pour l'aviation à Haguenau. Malheureusement, la volonté des uns, le Maire WEISS et son conseil, n'aura pas suffit à prouver aux autres, les très "sérieux" Directeurs du tout nouveau Ministère de l'Air, qu'Haguenau devait être une plate-forme pour l'Aviation militaire et civile dans l'Est.

Dommage !!!

Tout a commencé fin 1928, la Société d'AVIATION MICHEL, installée dans le hangar C de l'Aérodrome (loué par l'Armée ; le génie avait racheté une partie du terrain et en particulier la voie ferrée), a fait savoir au Maire WEISS qu'elle entendait étendre son activité de construction mécanique de précision  Avions - Automobiles et élargir son recrutement jusqu'à 50 personnes.

Pour cela, elle voulait créer une Ecole de Pilotage à Haguenau, ou plutôt, un Centre d'entraînement pour pilotes civils et militaires ...

Elle s'était déjà renseignée sur l'achat de CAUDRON C 109 dont on vantait alors les performances :

Vitesse

:

120 km/h

Poids

:

532 kg

Envergure

:

11.50 m

Surface

:

19.14 m²

Huile

:

12 l

Essence

:

57 l

 

Elle demandait expressément le soutien de la Municipalité. Le Maire, tout heureux de voir enfin une proposition "d'utilisation rationnelle" de son camp d'aviation militaire "désertée", s'est associé au projet et a fait voter, par le Conseil Municipal, son soutien le plus entier.

Déjà des lettres étaient parvenues au Ministère de l'Air ; lettres émanant d'Aviation MICHEL et de la Mairie.

 

Le Conseil Municipal, dans son assemblée du 31 Janvier 1929, déclarait :

"Considérant qu'il existe à Haguenau, un vaste terrain d'aviation bien dégagé, crée spécialement pour cet usage, qu'il offre toute sécurité, tant au point de vue de la surface utilisable que de l'absence d'obstacle (...)

Que son aménagement est complet puisqu' indépendamment des bâtiments accessoires, il comporte des hangars modernes et vastes et déjà affectés à cet usage avant l'Armistice ...

Considérant que la non utilisation du terrain et des constructions entraîne une détérioration que les habitants constatent avec regrets...

Que la création d'un centre d'entraînement à Haguenau, serait, pour la ville, un élément de prospérité puisqu'il n'entraînerait aucune dépense en construction nouvelle ...

Émet le voeu que le Ministre de l'Air, décideur de l'utilisation d'un terrain d'aviation tout aménagé et aussi complet, choisisse Haguenau pour la création d'un centre d'entraînement des pilotes civils et militaires qui doit incessamment fonctionner dans la région, suivant sa décision ..."

"Ironie du sort" : quelques 60 ans plus tard, la Mairie allait, par un mémoire de ses services techniques, marquer sa volonté de réduire la surface du terrain "devenu bien gênant" pour l'Industrialisation de Haguenau et organiser un "réaménagement du terrain".

La réponse du Ministre de l'époque n'allait pas tarder : le 2 Février 1929, Monsieur le Ministre déclarait :

"La nécessité de l'organisation d'un centre d'entraînement des pilotes civils et militaires mobilisables dans la région Est de la France, n'avait pas échappé à l'Administration, et, depuis plusieurs années, ses efforts tendent à la réalisation de cette mesure.

Après une enquête et une étude approfondie, son choix s'est porté sur Strasbourg où l'État possède le terrain d'Entzheim, quoique ce dernier, dans son état actuel, présente toutes les garanties nécessaires, diverses transformations, notamment le détournement de lignes de transport de force situées dans son voisinage sont envisagées pour un avenir très proche ...

Vous reconnaîtrez certainement, Monsieur le Maire, que dans ces conditions l'État ne saurait envisager la création à Haguenau d'un autre centre permanent tout proche de Strasbourg ...

Je vous en exprime mes plus vifs regrets ... !!!"

L'administration avait tranché : ce sera Entzheim et rien d'autre !!!

"Abandonnés" par le Député, M Charpentier de Ribes, pour lequel la réponse du Ministre ne faisait pas de doute, le Maire et le Conseil essaieront, néanmoins, d'infléchir la décision ministérielle mettant l'accent, cette fois ci, sur les dépenses qui devront être engagées à Entzheim.

A la lecture de sa réponse du 27 Février 1929, on sent très nettement que le Ministre était excédé par cette subite insistance des élus haguenoviens :

 

"Il n'est pas possible de rapporter une décision relative à l'emplacement du centre d'entraînement destiné aux pilotes civils et militaires mobilisables de la région de l'Est (...).

Entzheim est prêt et sert déjà d'escale à une ligne internationale. Strasbourg désire, en outre, créer un grand Aérodrome moderne (...).

En plus, c'est l'intérêt des pilotes qui viennent de Nancy et de Mulhouse.

Je n'ai été guidé que par l'unique souci de l'intérêt de pilotes ..."

A bon entendeur, salut !!!

Cette fois, on ne pouvait être plus clair. Cette décision explique pourquoi l'activité est réduite au stricte minimum jusqu'à la Guerre.

 

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Page actualisée le : 04/03/2006

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